Traduction personnelle des passages concernant Nicolas Machiavel dans les Ricordi de son père  Bernardo Machiavelli.

Introduction :

Dans ces quelques pages, vous trouverez le texte tiré du Libro di Ricordi, a cura di Cesare Olschi, par Bernardo Machiavelli. Il ne s’agit que des extraits qui concernent le fils de Bernardo, Nicolas, le célèbre secrétaire florentin. Ce livre a été édité à Florence, en toscan, par l’éditeur Felice Le Monnier, en 1954, dans la collection « Biblioteca rara ». Ces extraits ont été traduits une première fois par mes soins, puis Marie Elise Testori, professeur d’Italien, a bien voulu se charger de me corriger.

Chaque passage est donné avec la date et la pagination de cette édition.

La traduction vous paraîtra sans doute quelque peu barbare, mais le texte de Bernardo n’est qu’un journal quotidien, sans travail littéraire. L’auteur n’avait pour objet que la mémoire de ses comptes. Néanmoins, il est un témoignage direct de la jeunesse et de la première formation de Nicolas Machiavel.


Le texte et sa traduction :

 

 

 

1476, page 31 :

« Ricordo come questo dì vj di detto mese Nicolò, mio figliuolo, cominciò andare a maestro Matteo, maestro di grammatica sta a piè del ponte a Santa Trinita di qua, a imparare a leggiere il donatello ; per lo ‘nsenno debbogli dare il mese soldi 5 e più i venti ordinari per la pasqua. »

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que ce jour, le 6 du dit mois [mai], Nicolas, mon fils, commença à aller chez maître Matteo, maître de grammaire habitant au pied du pont Sainte Trinité, de ce côté ( du fleuve), pour apprendre à lire le « donatello » (manuel de latin très en vogue à l’époque pour les débutants) ; pour l’enseignement je dois lui donner 5 sols le mois et en plus des vingt ordinaires pour la Pâques.

 

 

 

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1476, page 34 :

« Ricordo come questo dì 8 di detto Niccolò, mio figliuolo, portò a maestro Matteo che gl’insegna soldi 5 per suo salario detto mese. »

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que ce jour, le 8 du dit [mois de juin], Nicolas, mon fils, porta à maître Matteo qui l’enseigne 5 sous pour son salaire du dit mois.

 

 

 

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1476, page 45 :

« Ricordo questo dì detto di sopra come ìnsino adì 5 del presente cominciò Nicolò mio andare a imparare da ser Battista di F[i]lippo da Poppi. Insègnali il donatello ; per lo insennamento tiene scuola nella chiesa di San Benedetto dallo Studio. »

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que ce même jour cité ci-dessus jusqu’au jour 5 du présent mois, mon Nicolas commença à aller étudier chez monsieur Battista di F[i]lippo da Poppi. Il lui enseigne le donatello ; pour l’enseignement il tient école dans l’église de San Benedetto dallo Studio.

 

 

 

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1477, page 63 :

« Ricordo come questo dì 3 di novembre io ò comperato da Francesco Bartoli e compagni, ritagliatori, braccia 5 ½ di panno garbo tanè tintilano perf are uno gonnellino e mantello per Nicolò. Montò lire 10 soldi 15 ; die’ loro contanti lire nove : soldi 15 in uno ½ fiorino senese e lire 6 soldi 18 fanciullo loro a cimare a Lionardo cimatore ; lasciollo a Girolamo suo genero ; promissemi che io l’arei giovedì mattina che viene.

         Die’gli di poi soldi 20 per resto. »

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que ce 3ème jour de novembre, j’ai acheté chez Francesco Bartoli et compagnie, négociants en étoffes,  5 bras et demi de drap d’un beau tombé, teint en brun rouge,  pour faire un « jupon » (je ne sais pas le traduire en français, c’est un vêtement assez long que portaient les hommes et qui précéda le justaucorps) et un manteau pour Nicolas. Il se monta à 10 lires 15 sols ; je leur donnai comptant 9 lires et 15 sols dans un  florin et demi siennois et 6 lires 18 sols à leur enfant qui tond le tissu chez Leonardo le tondeur de drap ; je le laissai à Jérôme son gendre qui me promit que je l’aurais jeudi matin qui vient.

Je dois encore 20 sols de reste.

 

 

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1479, page 92 :

« E insino adì 25 del presente mese v’andò Nicolò mio figliuolo con la brigata di detto Giovanni che v’ando detto dì. Portò, oltre a’panni della state, ancora il mantello e il gonnellino. »

 

 

Traduction personnelle :

Et jusqu’ au 25 du mois présent [mai], Nicolas mon fils y alla avec la bande du dit Jérôme, qui s’y rendit  ce jour-là. Il porta (ou il emporta) encore, outre les vêtements d’été, le manteau et le « jupon ».

 

 

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1479, page 103 :

« Ricordo come questo dì 3 di gennaio 1479 io allogai Nicolò mio figliuolo a Piero Maria maestro d’abaco che gl’insegnassi l’abaco, e d’acordo fumo gli dovessi dare per insegnatura di tutto fiorini uno largo in questo modo, cioè : uno mezo quando entrerà nelle librèttine, e un altro mezo fornito gli arà d’insegnare.

         E detto dì aconciai Totto a imparare la tavola. »

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que ce 3 janvier 1479, j’emmenai Nicolas mon fils loger chez Piero Maria, maître d’abaque (table de calcul sur laquelle, en l’absence de zéro, les chiffres prennent une valeur en fonction de la position variable des jetons suivant la colonne où on les places : unité, dizaine, centaine, etc.) [cf glossaire de Education et Cultures sous la direction de I. Heullant Donat, page 659.] pour qu’il lui enseigne l’abaque, et nous convînmes que je devais lui donner pour l’enseignement du tout un florin large distribué de la manière suivante : un demi quand il commencera le librettine (manuel d’arithmétique élémentaire), et un autre demi quand il  le lui aura enseigné.

Et ce même jour, j’incitai Totto à apprendre  la table de Pythagore.

 

 

 

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1480, pages 123-124 :

« Ricordo come questo dì vj di febraio la Bartolomea mia donna à comperato da Benedetto di Goro calzaiuolo una peza di ciambellotto azurra per pregio di fiorini 6 larghi de’ quali gli diede contanti fiorini tre larghhi e lire quattro di moneta, e del resto gli fè tempo per di qui adì 24 di giugno prossimo futuro. Tòlsela perf are una cotta alla Primavera. Detto mercato fecion ella e Carlo Nelli suo fratello. A piè scriverò tutto quello che per lo avvenire ella gli pagherà :

   E adì xij di detto gli diede contanti soldi 36 per resto di fiorini 4 larghi              lire 1 soldi 16

   E adì 3 di marzo soldi quaranta manògli per Nicolò nostro                                lire 2 soldi _

   E adì 17 di detto mandògli per Nicolò                                                                           lire 1 soldi 4

   E adì 19 di maggio 1481 gli mandò per Nicolò                                                   lire 1 soldi _

   E adì 2 di giugno mandògli per Nicolò                                                                          lire 1 soldi 8

   E adì 9 di detto mese mandògli per Nicolò soldi 37                                           lire 1 soldi 17 

   E adì 24 di novembre 1481 mi disse Benedetto di Goro che avea aùto de dì 4 del presente in qua della donna mia soldi 40 in 2 volte, mandàtili per la fanciulla sta meco, e questo dì diede la donna mia soldi 10 contanti alla donna sua in casa sua, in mia presenzia, per questo conto                                                                  lire 2 soldi 10

   Apare il resto in questo a carte 41.»

 

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que ce  25 février, ma femme la Bartolomea a acheté chez Benedetto di Goro, fabricant de bas, une pièce d’étoffe en poil de chameau bleu clair au prix de 6 florins larges desquels elle donna   comptant 3 florins larges  et 4 lires de monnaie, et le reste à régler  pour le jour du 24 juin prochain. Elle l’acheta pour faire une cotte au printemps. Ce marché se fit entre elle et Carlo Nelli son frère. J’écrirai  tout ce qu’elle leur payera par la suite :

Et au 26 du dit [mois de février] elle leur donna comptant 36 sols pour le reste des 4 florins larges.                                                     1 lire 16 sols

Et au 3 mars 40 sols envoyés à eux par notre Nicolas     2 lires _sols

Et au 17 envoyés à eux par Nicolas                                  1 lire 4 sols

Et au 19 mai 1481 envoyés à eux par Nicolas                           1 lire _sols

Et au 2 juin envoyés à eux par Nicolas                              1 lire 8 sols

Et au 9 dudit mois 37 sols envoyés à eux par Nicolas     1 lire 17 sols

Et au 24 novembre 1481 Benedetto di Goro me dit qu’il avait reçu il y a 4 jours de ma femme 40 sols en deux fois, envoyés par la servante qui  habite chez moi, et ce même jour ma femme donna à sa femme 10 sols comptants dans sa maison, en ma présence, pour le compte de 2 lires 10 sols.

Le reste apparaît dans ce cahier à la référence 41.

 

 

 

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1481, page 138 :

« Ricordo come insino adì 5 di novembre 1481 Nicolò e Totto miei figliuoli cominciaron andare a imparare da ser Pagolo da Ronciglione maestro di grammatica. Nicolò fa de’ latini e Totto impara il donato ; per lo insenno non ò con lui alcuno patto.

Dièmogli pel fuoco soldi 9 danari 8, e per le panche gli diede Nicolò soldi 6. »

 

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que  le 5 novembre 1481, Nicolas et Totto mes fils commencèrent à aller étudier chez monsieur Pagolo de Ronciglione, maître de grammaire. Nicolas fait du latin et Totto apprend le « donato » ; pour l’enseignement nous n’avons fixé  aucune condition.

Je lui donnai pour le feu 9 sols, et pour les bancs Nicolas lui donna 6 sols.

 

 

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1482, pages 148-149 :

« Ricordo come questo dì xvj di giugno la Bartolomea à comperato da Jacopo di Vante braccia xij ¼ di taffettà azurro sbiadato largo braccia circa 2, pesò oncie 20, per pregio di lire 37 soldi 10, delle quali gli diede detto dì quando gli mandò detto taffettà, pel fanciullo lo recò, lire 8 in quatrini ; e dèbbagli dare per di qui a sabato ancora lire 2, e del resto gli de’ dare ogni mese lire 4 insino allo intero paga mento di dette lire 37 soldi 10                                                                   lire 37 soldi 10

Levò per una giachetta per la Primavera. Apare al memoriale segnato .d. a carte 93 di Piero Guicciardini e compagni.

Ànne aùto detto dì lire 8, mandògli pel fanciullo recò detto taffettà                      lire8

Ànne aùto sabato adì 15 di detto lire 2 soldi 5, diede a lui propio qui in casa               lire 2 soldi 5

E adì 22 di detto mese soldi 45 portoglì Nicolò nostro                                          lire 2 soldi 5

E adì 11 di luglio alla Marietta d’Antonio Mazi, la quale mandò lui, diede la Bartolomea lire una contanti                                                                                   lire 1 soldi _

E adì 20 portò Nicolò lire una soldi 10 contanti                                                       lire 1 soldi 10

E adì 29 di detto diede Nicolò a Vante lire una                                                       lire 1 _ »

 

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que ce 17 juin, la Batolomea a acheté chez Jacopo di Vante 13 bras un quart de taffetas d’un bleu très pâle de 2 bras de large environ, pesant 20 onces, ayant pour prix 37 lires 10 sols, desquels je  donnai ce même jour de la livraison de ce dit taffetas, à l’enfant qui l’apporta, 8 lires en sous (i quattrini c’est le nom d’une monnaie en usage à l’époque) ; et je  dois lui donner d’ici à samedi encore 2 lires, et pour le reste je dois donner chaque mois 4 lires jusqu’au paiement complet de ces 37 lires 10 sols.                                                                                                                           37 lires 10 sols

Cette étoffe servira pour une veste pour le printemps. Il figure dans le mémoire marqué .d. à la référence 93 de Pierre Guichardin et compagnie.

(je n’ai aucune idée de ce que signifie anne auto) ce jour 8 lires, envoyés  par l’ enfant qui apporta le dit taffetas                              8 lires

………………… samedi au 15 du dit mois 2 lires 5 sols, donnés à lui en main propre à la maison                                                      2 lires 5 sols

Et au 22 du dit mois 45 sols portés par notre Nicolas      2 lires 5 sols

Et au 11 de juillet à la Marietta d’Antonio Mazi, laquelle était mandée par lui, la Bartolomea a donné une lire comptant                      1 lire _ sol

Et au 20 Nicolas porta une lire 10 sols comptant              1 lire 10 sols

Et au 29 du dit mois Nicolas donna à Vante une lire                  1 lire _

 

 

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1485, page 203 :

« Ricordo come questo dì 26 di marzo io ò comperato da Benedetto di Goro calzaiuolo uno paio di calze chiuse pagonaze buie per Nicolò, e uno paio di detto colore chiaro per Totto, per pregio di lire 4 soldi 10. Posto a spese al quaderno a carte 55 ; rimanemo l’appuntasse allo stracciafoglio.

         Posto al libro .b. a carte 182 a suo conto. »

 

 

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens que ce 26 mars, j’ai acheté chez Benedetto di Goro  le fabricant de bas une paire de bas fermés violet foncé pour Nicolas, et une paire de la même couleur claire pour Totto, pour le prix de 4 lires 10 sols. Inscrit dans les dépenses sur le  cahier à la référence 55 ; Il reste à le noter dans le dossier

         Consigné dans le livre b à la référence 182 à son compte

 

 

 

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1486, page 223 :

« Ricordo come di poi a dì primo di luglio Nicolò mio figliuolo diede al detto Francesco d’Andrea cartolaio, al quale, come si dice nella faccia precedente, io ò dato a legare detti libri, uno barile di detto vino vermiglio per soldi 50.

E di poi adì 4 gli diede contanti soldi 20 ; dìsseli non li potea fornire se non avea detti soldi 20 per comperare e’ cuoi.

E adì 8 di detto gli diede fiaschi 3 di vino vermiglio detto e uno fiasco d’aceto, ch’egli venne a tòrre. Più non dovea soldi 5. E detto dì gli rendè detti libri legati, uno bene secondo e’ patti, cioè la Lettura dello Abate, gli altri due male e contra patti ; e questo fè essendo io in villa. »

 

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens qu’ensuite au premier jour de juillet, Nicolas mon fils donna au dit Francesco d’Andrea papetier, auquel, comme dit dans la page précédente, j’ai donné à relier des livres, un baril de ce vin vermeil pour 50 sols.

Et ensuite le jour 4 il lui donna 20 sols comptant ; Le papetier lui dit qu’il  ne pouvait les lui fournir s’il n’avait pas les dits 20 sols pour acheter le cuir.

Et au 8 du dit mois il lui donna 3 fiasques du dit vin vermeil et une fiasque de vinaigre, qu’il vint chercher. Il ne devait plus que 5 sols. Et ce jour il rendit les livres reliés, l’un bien relié comme il avait été convenu, à savoir la lecture de « l’Abbé » ?, les deux autres mal reliés, sans tenir compte  des accords ; C’est ce qu’il fit alors que j’étais dans la villa.

 

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1487, page 227 :

« Ricordo come di poi adì… di giugno el predetto Lorenzo levò detto vino : fu barili x ½ , montò lire 31 soldi 10. Diede per resto a Nicolò mio figliuolo fiorini uno largo d’oro in oro soldi 5, e però cancello el sopradetto ricordo di vendita di vino. »

 

 

Traduction personnelle :

Je me souviens qu’ensuite au… juin,  le précité Lorenzo vint chercher ce vin : pour dix barils et demi, la somme se monta à 31 lires 10 sols. Il donna pour le reste à Nicolas mon fils un florin  large d’or en or 5 sols, et cependant j’efface le souvenir déjà évoqué de la vente du vin.

 

 

 

 

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