Un petit article sur cette œuvre extra-ordinaire ; pas
facile d’en faire le résumé. De nombreux sites, dont www.tolkiendil.com
, s’en font l’écho. Je retiendrai cependant deux choses :
1.
le monde merveilleux mis en place par
JRR Tolkien, à lier à ses recherches en langues anciennes, et je vous renvoie à
ce sujet au grand
œuvre de Marie-Claire (mémoire consacré, pour l’essentiel, à la
formation des noms propres dans l’œuvre de Tolkien – et à leur classement)
2.
le talent de CONTEUR de Tolkien, sa
bravoure narrative. Oui, il n’y a peut-être pas de récit plus captivant à ce
jour que le Seigneur des Anneaux, à
telle enseigne que tout un sous-genre du fantastique, l’heroic fantaisy, en est issu. Ce sont des « topoï »,
des poncifs, que l’on retrouvera chez tous les clones du maître.
Les monstres, les créatures fantastiques issues d’un patrimoine
culturel saxon et scandinave, font partie intégrante de ce monde. On ne les
recensera pas, mais évoquons les Elfes, créatures bien distinctes des hommes,
soumises à l’immortalité pourrait-on dire : les Elfes ont un grand
pouvoir, qui peut se retourner contre eux ; ce sont des êtres romantiques,
qui sont destinés à l’exil. Les Hommes ont du mal – c’est un euphémisme – à
communiquer avec eux, et seule la quête de l’unique les fait réellement
s’allier.
Le monde physique décrit est entièrement imaginaire, et recèle
des merveilles de la nature, notamment des grottes (c’est devenu un topos
incontournable des jeux de rôle notamment), et des forêts (tout aussi présentes
dans jeux de plateau et jeux vidéos inspirés du monde de Tolkien). La carte,
dessinée à la plume et à l’encre de Chine, en début de volume, avec ces petits
« v » inversés pour désigner les montagnes, participe pour une bonne
part à l’ambiance de cette épopée.
Et oui, ce texte est éminemment épique, et fait référence à une
Histoire, elle aussi inventée de toutes pièces : il y a des légendes et un
passé grandiose, sans cesse rappelé. Une histoire des hauts-faits des Elfes,
des Nains, et des Hommes – pour les principaux. Cela crée tout un contexte à
l’apparence historique qui donne un souffle de « vérissimilitude » comme
dirait Leibniz, de vraisemblance très crédible et bluffante.
On assiste, dans Le
Seigneur des anneaux à des combats épiques, notamment celui de Gandalf avec
le Ballrog, sur le pont de pierre dans la Moriah ; il y a aussi la Forêt
des Ents, aussi enchantée que personnifiée. J’en passe. L’auteur a le don de
nous émouvoir, de nous mettre même la peur au ventre, face aux pouvoirs de l’Anneau,
devant les manifestations des engeances qui le cherchent. C’est ainsi une
double quête : le Bien recherche le Mont du Destin, le Mal recherche le
Porteur.
Le talent de conteur de Tolkien ne se manifeste pas seulement
par un souffle épique ; j’aurais même tendance à dire qu’au contraire,
c’est par les choses les plus communes de la vie que Tolkien nous touche – et
profondément. Les Hobbits, ainsi, mangent beaucoup, toujours dans la bonne
humeur ; on pourrait en rire. Mais lisez et vous verrez que prendre son
repas, en fin de journée, pour un Hobbit, lorsqu’on est loin de chez soi et qu’on
vient de rencontrer un Nazgul ou autre bestiole du genre, ce n’est pas anodin.
Non c’est vraiment touchant, que de centrer les personnages sur des actions
quotidiennes qui – dans ce monde imaginaire menacé par des forces maléfiques et
magiques – nous les rapprochent et font nôtres. Sur ce, je vais terminer mon café….